Château de La Tour d'Aigues
Explorez le Château de la Tour d’Aigues, joyau du Vaucluse. Un monument historique à l'architecture remarquable, témoin de l'histoire riche de la région.
Les origines : du XIème au XIVème siècle.
Si l’on en croit la tradition populaire, l’origine du château remonterait à une tour romaine… mais c’est là pure légende.
C’est au XIème siècle (en 1002 puis en 1018) que l’on trouve les plus anciennes mentions d’une « Turris » qui donnera son nom au village.
Protégé par cette « Tour » qui appartient alors à un certain Béranger, vicomte d’Avignon, se créé, peu à peu, un petit bourg. De ce premier « château », situé à plusieurs dizaines de mètres de celui que nous voyons aujourd’hui, il ne reste rien. Seule une rue délimitant le quartier dit du «Vieux Château » en perpétue le souvenir.
Cette fortification, sur une éminence dominant la vallée de l’Eze, surveille les chemins et drailles reliant Aix, la riche plaine de Pertuis dans la vallée de la Durance, le Luberon et les Alpes.
De ce qui s’est passé entre le XIème et le XIVème siècle, nous savons seulement que la seigneurie fait partie du Comté de Forcalquier et qu’elle est devenue, au XIIème siècle, une possession de la famille provençale des Sabran avec Raynes (ou Rainier) II d’Uzès. Ce seigneur appartient à l’une des plus importantes familles de la noblesse provençale. Il est le demi-frère de Garsende de Sabran, héritière du comté de Forcalquier qui épouse, en 1193,le comte de Provence Alphonse II, ce mariage scellant l’union des deux comtés en la personne de leur fils Raymond-Béranger V dont notre Rainier II est un fidèle conseiller.
Ce seigneur de La Tour d’Aigues fait donc partie de la sphère des puissants dévoués à leur comte tandis qu’un de ses frères possède le château voisin d’Ansouis.
La première fortification abandonnée pour une nouvelle construction
Ne pouvant s’agrandir, bloquée entre le rebord de la falaise et le village, cette première fortification est abandonnée pour une nouvelle construction édifiée hors des habitations et leur faisant face, sur un petit promontoire, en un lieu bien dégagé.
A quelle date ? Nous ne le savons pas exactement mais, les techniques de construction de ce qui nous en est parvenu nous orientent vers le XIVème siècle. L’étude d’un document héraldique du fonds Peiresc de la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras a permis de préciser la date de l’édification du puissant donjon qui est à l’origine du château actuel: il a été construit avant 1328.
Ce nouveau château, édifié avant 1328, est sans doute l’oeuvre de Guillaume de Sabran, arrière-petit-fils de Rainier II. Il fut chambellan de Charles, « Duc de Calabre », héritier du Comte de Provence qui est alors Robert « Roi de Sicile » ( c’est l’époque où les Comtes de Provence règnent sur le sud de l’Italie avec Naples pour capitale). Guillaume fut aussi viguier de Marseille en 1332. De la nouvelle construction de ce grand seigneur il nous reste le haut et imposant donjon.
Il faut, aujourd’hui, chercher sur le mur Ouest le meilleur aperçu de son aspect originel : une fortification à l’appareillage très soigné, très austère et fermée (seules quelques meurtrières l’éclairent), dont l’accès se fait par une porte à hauteur du premier étage sans doute par un escalier extérieur amovible que l’on pouvait enlever en cas d’attaque (système couramment employé à cette époque). Ce donjon s’élève sur trois niveaux, le rez-de-chaussée ne communiquant qu’avec l’extérieur. Il est surmonté d’une terrasse avec machicoulis dont on a retrouvé des fragments. A l’intérieur, accessible par la porte que nous avons mentionnée, deux hauts étages superposés et voûtés en berceau brisé, communiquant pour les deniers niveaux pour un étroit escalier aménagé dans l’épaisseur du mur Est, abritent de vastes salles dont la plus prestigieuse est celle du premier.
L'aula, la grande salle d'honneur
C’est la grande salle d’honneur, « l’aula », qui est le lieu de vie de la famille seigneuriale mais surtout le siège du pouvoir et la chambre de réception. C’est sur les murs de cette salle que court la grande frise d’armoiries qui montre les alliances et les liens du seigneur avec les grandes familles de l’aristocratie provençale mais aussi de la noblesse angevine ou italienne. Ce sont les grands écus des armoiries des souverains dominant cette frise qui ont permis de la dater d’avant 1328.
Ce magnifique donjon devait dissuader toute attaque mais témoignait aussi du prestige et de la puissance des Sabran.
En tête
- à gauche (dextre en héraldique) : le roi de « Sicile », comte de Provence Robert 1er
- à droite (senestre en héraldique) : le duc Charles de « Calabre », son fils.
- Écu 1 : Laugier
- Écu 2 : Simiane (armes « modernes »)
- Écu 3 : Baux
- Écu 4 : Simiane (armes « anciennes »)
- Écu 5 : Agoult/Simiane
- Écus 6-7-8 : vides ou effacés
- Écu 9 : Glandevès
- Écu 10 : Amic
- Écu 11 : Cornut
- Écu 12 : non identifié
- Écu 23 : Pontevès/ Agoult
- Écu 24 : Sabran
- Écu 25 : Baschi
- Écu 26 : Montauban de Diez
- Écu 27 : Agoult
- Écu 28 : Baux/ Orange
- Écu 29 : Adhémar de Grignan
- Écu 30 : Monteil Adhémar
- Écu 31 : Forcalquier
- Écus 32- 33 : vides ou effacés
- Écu 13 : Villemus
- Écu 14: Baux/ Estendard
- Écu 15 : ?/ Sabran
- Écu 16 : Estendard
- Écu 17 : Allamanon (ou Lamanon)
- Écu 18 : Sabran/ Dauphin de Viennois
- Écu 19: Sourches (ou Souz)
- Écu 20 : Baux/ Châteauneuf
- Écu 21 : Marzano
- Écu 22 : Baux de Berre
Documentation:
- Hélène LEZAUD et Henri LAVAGNE : « Dans la vieille tour d’Aigues" . "Un relevé par Peiresc de l’emblématique peinte dans le château de La Tour d’Aigues ». Journal des Savants, Paris, Boccard, Janvier-juin 2020.
- David Zoonekyndt, Donjon, restitution de la frise héraldique, 2019.
Le château médiéval au XVème siècle
A partir de 1420 le fief passe à la puissante famille d’Agoult : Fouquet (ou Foulque) d’Agoult, comte de Sault, chambellan et conseiller du Roi René, devient seigneur de La Tour d’Aigues.
Fouquet d'Agoult, riche et puissant, réalise d’importants travaux autour du donjon primitif.
- 1 - Mâchicoulis : Élément défensif, construction en surplomb permettant de jeter des projectiles à la verticale.
- 2 - Parement à bossage rustique : Taillés en forme de bosse, ils permettaient d'absorber l'impact des boulets et de les faire rebondir et dévier.
- 3 - Meurtrière : Étroite ouverture verticale permettant la surveillance ou l'envoi de projectiles.
- 4 - Porte : Les donjons médiévaux n'étaient pas ouverts au rez-de-chaussée mais en hauteur pour les rendre moins vulnérables. Du sol à la porte d'entrée, on grimpait par un escalier en bois et, en cas de siège, on "tirait l'échelle" expression que nous avons conservée.
- 5 - Créneaux et merlons : Alternance de vides (créneaux) et de pleins (merlons) dans le parapet permettant de viser et de se masquer.
VUE EN COUPE DES SALLES INTÉRIEURES
- A - Coupe 2ème étage : Salle voutée
- B - Coupe 1er étage : Salle d'honneur voutée
- C - Coupe rez-de-chaussée : Salle sans communication avec les étages.
- D - Coupe sous-sol
- E - Butte rocheuse : Le donjon s'élève sur une butte de safre dans un environnement marécageux.
Ce donjon avait alors un aspect beaucoup plus militaire qu’aujourd’hui.
Il faut l’imaginer sans les grandes fenêtres de la façade et sans les ornements (bossages d’angle étoilés, blasons etc…).
La demeure seigneuriale construite par Foulque avait la forme d’un quadrilatère irrégulier, bâti autour de ce donjon, avec une tour ronde à chaque angle.
On peut voir encore deux de ces tours, celles des angles Nord-Est et Nord-Ouest dans la partie arrière de l’édifice (elles ont été revêtues d’un placage de style « Renaissance » plus tard).
Ce château était à peine plus petit que l’actuel : sa façade se situait quelques mètres en retrait de celle que nous voyons aujourd’hui comme en témoignent les restes visibles lors de la visite des caves du bâtiment.
Il était entouré de douves sur trois de ses côtés, le quatrième étant naturellement défendu par la falaise qui domine la vallée de l’Èze.
Ces douves étaient alimentées en eau grâce aux gigantesques aménagements hydrauliques réalisés par Foulque d’Agoul.
Ces prouesses techniques avaient été réalisées sur le territoire de sa « baronnie » qui regroupait plusieurs villages de ce que l’on appellera, à partir du XVIème siècle, la « Vallée d’Aigues » (à ne pas confondre avec le « Pays d’Aigues » beaucoup plus étendu).
Ces aménagements permettaient d’amener l’eau des sources de Mirail et des Hermitants situées sur le piémont du Luberon jusqu’au château via deux étangs dont celui de la Bonde qui existe toujours.
Cette eau, le long du canal qui la conduisait au château, servait à l’irrigation des terres agricoles et, après avoir alimenté les douves, actionnait des moulins placés en contre-bas avant de se jeter dans l’Eze.
Nous savons aussi, par un inventaire dressé en 1491, pour préparer la succession de Foulque, que ce château médiéval était somptueusement décoré et meublé.
Il est très possible que le roi René et son épouse Jeanne de Laval, qui possédaient des biens à Pertuis, aient séjourné au château.
Il y avait en tout cas, citées dans l’inventaire, une chambre du roi et une de la reine...
- A - Aile centrale : donjon et bâtiment accolé au Nord
- B - Aile centrale
- C - Aile orientale
- D - Aile septentrionale entre les 2 tours rondes
- E - Aile occidentale
- 1 - Grand cellier
- 2 - Chambre de Fouquet d'Agoult (1 tenture de verdure "à ramages" et "à la turque", 1 tenture "à ramages et personnages", 1 grand miroir, 1 bibliothèque de 36 volumes, 2 écritoires), garde-robe contiguë composée de 3 chambres (cabinet de toilette, chambre d'apparat, chambre de service)
- 3 - Grande garde-robe (61 tapisseries rangées), petite garde-robe, armurerie (430 pièces d'armement)
- 4 - Vestibule, grande-porte d'entrée surmontée d'une horloge avec clocheton, chambre du maître d'hôtel, escalier à vis
- 5 - 2 chambres
- 6 - Salle des "Sangliers", pièce de réception, sans doute ornée de peintures murales représentant des scènes de chasse
- 7 - Salle "Vieille"
- 8 - Chapelle "neuve" (1 peinture sur toile, 1 retable de bois peint et 3 tableaux sous verre)
- 9 - Appartement de Raymond d'Agoult, composé de 3 chambres et 1 bureau (studium)
- 10 - Chambres des "étuves" (salle de bain)
- 11 - 2 chambres desservies par 1 "corridor"
- 12 - 1 garde-robe (chapelle-vieille)
- 13 - 3 chambres
- 14 - Grande salle des "Cerfs" pièce de reception, sans doute ornée de peintures murales représentant des scènes de chasse (1 grand buffet à 2 compartiments et crédence en noyer sculpté aux armes du roi René, 1 table en noyer de 7,5m de long)
- 15 - Chambres "du Roi" et "de la Reine"
- 16 - Greniers, desservis par un escalier situé au milieu de l'aile (stockage de denrées alimentaires : grains, légumes secs, viande salée, vin, huile, laine et chanvre)
- 17 - Lingerie
- 18 - Appartements des fermiers
- 19 - Cuisine, 1 puit adossé à la façade
- 20 - Office (56 pièces d'argenterie pesant 26,5kg)
- 21 - Bouteillerie
- 22 - 3 chambres
Les inventaires mentionnent les annexes : 1 colombier, 2 fermes (cheptels de 124 bovins, 250 porcins, 3000 ovins et 300 volailles), des moulins à huile, farine et à foulon, 2 jardins, des prés, 1 garenne et 1 vignoble de 12 hectares.
La métamorphose : le château Renaissance du XVIème siècle
Après le décès de Foulque, son neveu Raymond d’Agoult hérite du château mais meurt en 1503 sans laisser de descendance et, par le mariage de sa sœur Jeanne, la baronnie échoit à la famille des Bouliers-Cental possessionnée en Provence mais aussi en Piémont. A partir de 1550, le baron Jean-Louis-Nicolas transforme complètement son château.
Ce jeune seigneur a, en effet, passé une partie de sa jeunesse en Ile-de- France au service de la célèbre famille de Montmorency et il en revient avec le projet de moderniser et d’embellir sa demeure provençale : c’est ainsi que le château « Renaissance » naît.
Toute la partie Sud de l’édifice médiéval est abattue pour laisser place à une magnifique façade...
...dont nous admirons encore aujourd’hui les deux pavillons d’angle et le triomphal portail d’entrée. Les pavillons d’angle (dont l’un, celui du Sud-Est, a été en partie restauré) présentent des façades parfaitement rythmées par des corniches sculptées séparant horizontalement les étages, au nombre de trois, et verticalement par la superposition de grandes fenêtres.
Les chaînages des angles sont ornés de gros bossages vermiculés ou piqués d’étoiles dans le goût « maniériste ». Les toitures « en poivrière » étaient couvertes d’ardoise, à la manière de celles d’Ile-de-France et laissaient passer de superbes souches de cheminées décorées des armes des Bouliers disposées entre les fenêtres des combles.
Un élément spectaculaire : le portail d'entrée
Le morceau le plus spectaculaire de cette façade Sud est le portail d’entrée. Il s’élève sur deux niveaux surmontés d’un fronton triangulaire à la manière des arcs de triomphe romains. Son élévation est encadrée par des pilastres cannelés surmontés de chapiteaux composites enserrant l’arche d’entrée décorée dans les écoinçons de « victoires ailées » portant des étendards de part et d’autre de la clé de l’arche portant une représentation du dieu Mars.
Ce décor de la porte d’entrée est la copie exacte de celui de l’arc de Titus (de sa face vers le Colisée) sur le forum de Rome… un bel exemple du « retour à l’Antique » qui caractérise le style Renaissance. Cette porte d’entrée est, elle-même flanquée de deux colonnes entourant des niches et tableaux. Ce premier niveau est surmonté d’une ample frise sculptée de « trophées » très travaillés, enfin entre cette frise et le fronton, un deuxième niveau présente une ouverture centrale bordée de pilastres et niches.
Le fronton qui termine cet ensemble remarquable est bordé sur ses trois côtés d’une corniche en forte avancée avec un décor de divers motifs sculptés d’une grande finesse de détails. Enfin, gravée dans la pointe de ce fronton, se devine une date: 1571, celle de l’achèvement de ce chef-d’oeuvre.
Un des plus beaux exemples de l’art de la Renaissance en Provence
Cette entrée triomphale ouvre sur une « cour d’honneur » précédant le donjon et encadrée, à l’Est et à l’Ouest, par deux ailes auxquels de grands portiques à colonnade donnaient accès. Ces ailes et leurs imposants portiques ont disparu mais des gravures du XVIIIème siècle nous les montrent. Elles sont très inspirées de celles de la cour du château d’Ecouen, demeure des Montmorençy, famille qu’a servi, nous le rappelons, le seigneur Jean-Louis-Nicolas de Bouliers.
Quant à l’arrière du bâtiment, il était conservé mais « rhabillé » par un placage le mettant en harmonie avec la nouvelle construction et, dans la tour ronde du Nord-Est, était aménagée, à l’étage, une chapelle dont le précieux décor porte les armoiries des Bouliers.
Le résultat était superbe et le château un des plus beaux exemples de l’art de la Renaissance en Provence. Il accueillait, en 1579, la visite de Catherine de Médicis.
Du XVIIème siècle à la Révolution
Après le décès de Jean-Louis-Nicolas de Bouliers, en 1584, et un règlement successoral difficile, la baronnie passe, en 1598, à Chrétienne d’Aguerre comtesse de Sault puis à son fils Charles de Créqui qui s’allie à la famille dauphinoise des Lesdiguières.
Sous Chrétienne d’Aguerre, le château est de nouveau l’objet de transformations qui concernent essentiellement le donjon et les abords.
Le donjon est alors couvert d’un énorme dôme avec lanternon, bien visible sur d’anciennes gravures mais aujourd’hui disparu. Sa façade sur cour est ornée de blasons et de tableaux contenant des initiales : les lettres C, L et D pour Créqui Les Diguières que la restauration récente de l’édifice nous a restitués.
Chrétienne d’Aguerre fait aussi considérablement embellir les abords du château, en particulier les jardins. Volière, grand parterre sur mur de soutien avec arcades et bordé de balustres, terrasses, jeu de paume et carrosserie sont au programme…une partie seulement de ces ambitieux projets sera réalisée…
La famille des Bruny à l’apogée de sa fortune et de sa gloire
Le XVIIIème siècle est celui de la famille des Bruny qui achètent la baronnie en 1719. Cette famille d’armateurs marseillais s’est enrichie au XVIIème siècle par le grand négoce et a accédé à la noblesse par achats de charges dans la magistrature. Au XVIIIème siècle elle est à l’apogée de sa fortune et de sa gloire. Le château connaît, alors, surtout des transformations intérieures et s’enrichit d’importantes collections. Les derniers barons, François puis surtout son fils Jean-Baptiste-Jérôme, Président du Parlement de Provence, sont en effet des amateurs d’art, bibliophiles et esprits curieux d’expériences scientifiques. Le parc et les jardins connaissent leurs ultimes embellissements : grand canal, labyrinthe, orangerie, ménagerie…et une faïencerie voit le jour. On peut en découvrir des productions dans le « Musée des faïences » installé dans les sous-sol du château. Le « Cabinet de curiosités » du baron et ses expériences agronomiques valent au château une réputation scientifique qui attire d’illustres visiteurs français ou étrangers.
Ruine et abandon
La fin du XVIIIème siècle est fatale au château.
En 1780, un incendie, accidentel ravage l’aile Nord du bâtiment causant d’énormes dégâts. Les travaux de reconstruction ne sont pas achevés lorsque la Révolution éclate…
Le 14 Septembre 1792, un groupe de « révolutionnaires » s’attaque à l’édifice : le dernier baron, Jean-Baptiste-Jérôme de Bruny, est absent mais son château est pillé et le feu s’en empare : il brûle pendant cinq jours dit-on...
Il faut, bien sûr, situer cet évènement dans le contexte d’ébullition que connaît la France à l’automne 1792, quelques semaines après la chute de Tuileries et de la royauté, mais aussi tenir compte des multiples rancunes accumulées par les villageois à l’encontre de leurs derniers seigneurs. Au cours du siècle, en effet, les différents et les multiples procès qui ont opposé les deux partis témoignent d’un climat d’hostilité de plus en plus vif.
La révolution réduit le château en une carrière de pierres pour les habitants
Le château, réduit à l’état de ruine, tombe dans l’abandon et sert de « carrière » aux habitants du village et des environs pendant tout le siècle suivant tandis que les terrains des jardins et du parc sont vendus par morceaux. La dernière descendante des Bruny de La Tour d’Aigues, Pauline de Caumont, vit dans son hôtel d’Aix et meurt sans enfant.
C’est donc un bâtiment extrêmement dégradé que le Conseil départemental de Vaucluse achète en 1897. Cette acquisition permet de sauver les derniers vestiges du magnifique château.
La restauration
Pendant les deux premiers tiers du XXème le bâtiment ne connaît que quelques travaux de consolidation. Il accueille, en été, dans sa cour, des spectacles lyriques et des bals populaires.
Il faut attendre 1974 pour voir sa résurrection débuter…Le Conseil départemental de Vaucluse décide alors d’entreprendre la restauration du château.
Plus de 1000 m2 de caves sont déblayés et aménagés en lieux d’expositions, spectacles et musées. Le pavillon Sud-Est est reconstruit jusqu’au niveau de la toiture et accueille aujourd’hui les visiteurs, la terrasse au Sud est réhabilitée.
Dans les années 1986 à 92 les trois niveaux du donjon, aménagés sous Chrétienne d’Aguerre, sont restitués et sa façade, jusque-là éventrée, est restaurée.
La réouverture au public a lieu en 1985 : le château abrite alors deux musées, celui des faïences, toujours ouvert, et celui du Pays d’Aigues qui a été fermé.
Depuis 1986, des expositions et des spectacles ont lieu dans les salles aménagées au sous-sol.
Un festival d’été se déroule dans la Cour d’honneur.
Hélène Lézaud, professeur agrégé d'Histoire.
Galerie photos
Du lundi au vendredi de 9h à 12h30 & 13h30 à 17h
Château de la Tour d'Aigues
Place Jean Jaurès Château
84240 La Tour d'Aigues
Adresse email
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